TROIS FEMMES DEBOUT
Geneviève De Gaulle-Anthonioz - Germaine Tillion - Milena Jesenska :
Vendredi 21 février 2014, après plusieurs mois de consultations et d’expressions publiques quant au choix de personnes qui pourraient prendre place au Panthéon, le Président de la République a tranché.
Choix de quatre résistants, choix de la parité : deux femmes, deux hommes, ce qui permettra à Marie Curie de « se sentir moins seule » si on peut se permettre cette formule. Choix plutôt pour nous les vivantes et les vivants : garder vive la mémoire d’une époque et de personnes qui, au risque de leur vie, ont fait le choix de l’engagement, pris le parti de la résistance. Fidélité inconditionnelle à des valeurs partagées : liberté et dignité de tout être humain, fidélité tout au long de leur vie, qu’elle fut brutalement interrompue dès 1944 pour les deux hommes, Jean Zay et Pierre Brossolette et encore longue jusqu’en 2002 pour Geneviève Anthonioz-De Gaulle et en 2008 pour Germaine Tillion, juvénile centenaire.
Cet évènement nous touche ici très particulièrement.
Lorsque nous avons, parmi, beaucoup d’autres possibles, fait le choix pour notre association du nom de Miléna, ce n’était pas seulement pour la belle sonorité du prénom, plus agréable qu’un sigle tel que CHRS, mais qui à l’heure d’internet pouvait se révéler ambigu – ce que nous avions omis d’anticiper. Ce n’était pas non plus pour honorer Kafka, auteur bien connu qui tint une place importante dans sa vie- mais il fut loin d’être le seul. C’est pour un ensemble de raisons que nous avons résumé d’une seule formule dans notre projet associatif : « Une femme debout».
Il se trouve que Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Milena Jesenska ont partagé ce tragique moment de l’histoire, au camp de Ravensbrück. Miléna y est morte comme presque toutes celles qui y furent déportées. Germaine et Geneviève en sont revenues, marquées à vie mais ô combien vaillantes et sources d’inspiration pour nous toutes et tous, chacune à leur façon. Vivantes, nouvelles combattantes. Elles l’ont été avec leur style propre, dans les lieux divers de leurs engagements professionnels, politiques, associatifs, et pour toutes, la même intelligence du cœur.
Bien sûr, à ce trio associons Simone Veil, rescapée elle aussi d’un autre camp de la honte et de l’horreur : Auschwitz-Birkenau.
Contemporaines et témoins directs, comment pourrions-nous oublier son courage dans l’affrontement à son propre camp politique, pour promouvoir un droit essentiel, au-delà des clivages partisans et d’intérêts personnels ?
Germaine et Geneviève, comment auriez-vous réagi à cet hommage posthume ? Humour très certainement, simplicité aussi : pourquoi pas finalement, si cela permet de mettre en lumière toutes celles et tous ceux pour qui et avec qui vous avez œuvré, toujours sans ostentation.
Pour tout cela, nous vous admirons, nous vous aimons, nous vous remercions.
Marie-France MOTTE
Vice-Présidente de l’association MILENA